Quatre suspects: une prof d’anglais, un prof de
physique-chimie, une prof de français et une prof d’histoire-géo. Chacun des
quatre se retrouvent sans alibi valable. Mais parmi tous ces enseignants, seul
Schaeffer, le professeur de chimie, méritait l’attention d’Aaron, enfin pour
l’instant. A première vue, Schaeffer semblait être le seul habilité à mettre la
main sur une solution de cyanure de potassium et c’était de surcroit le seul à
bénéficier d’autant de temps libre le matin du meurtre. « 45 minutes !
Il aurait eu le temps de faire le tour du monde ! » s’exclama Aaron.
Mais il y avait autre chose encore : le comportement de Schaeffer était
plus qu’étrange et dieu sait que l’adolescent était doué dans l’analyse
comportementale !
-
Qu’y
a-t-il, Mr Law ? s’enquit l’inspecteur en haussant les sourcils en signe
de surprise.
La salle était désormais vide de ses occupants mais la
tension y était toujours autant palpable.
-
Monsieur,
Schaeffer nous caches forcément quelque chose, fit Aaron posément. C’est un
mauvais comédien, je connais son personnage et ce qu’il cache.
L’inspecteur jugea le jeune garçon du regard comme s’il
s’attendait à voir quelque chose de spécial apparaitre soudainement de nulle
part, comme un magicien sortant ses lapins de son chapeau.
-
Eh bien
je vous écoute, petit. Éclairez-moi, répondit le policier en levant la tête
aussi haut que sa taille le lui permettait.
Le jeune détective ferma les yeux et croisa ses bras
derrière son dos.
-
Premièrement,
lorsque Schaeffer prétendait s’être accoudé à son bureau afin d’entamer ses
corrections, son regard s’est très rapidement détaché du votre. Bien sûr que
vous l’avez vu, mais vous n’aviez pas jugé bon de lui donner une
interprétation. C’est une nervosité faciale extrêmement populaire des menteurs,
vous le saviez, mais vous n’y avez pas pensé. Beaucoup de signes vous bombardaient
pourtant votre champ de vision : il passait régulièrement sa langue sur
ses lèvres et tentait toutes les deux minutes d’avaler le peu de salive qui lui
restait du fait de la montée de stress qui lui bloquait l’action des glandes
salivaires. Au moment précis où notre homme parlait de ce qui l’occupait
pendant les fameuses 45 minutes, il s’est délicatement étiré les bras au-dessus
de sa tête pour se donner un temps de répit : cela lui donnait l’illusion d’être
en sécurité en sachant sa parfaite maitrise de ses membres. Après s’être étiré,
ses mains n’ont jamais quitté le contact avec son corps, il est clair qu’il
n’était pas à son aise. Son visage était bien plus dirigé vers la droite ce qui
ne peut que trahir des pensées que l’on veut cacher. Quant à ses pieds, il ne
cessait de les frotter aux pieds de sa chaise avec une telle nervosité qu’il aurait
facilement irrité le plus insensible des hommes. Voyez monsieur, c’est le
mensonge qui parle.
-
Bonté
divine ! s’exclama Dowper. Mais d’où tenez-vous donc toutes ces
extraordinaires facultés d’observation ?
Aaron libéra ses yeux de l’emprise de ses paupières.
-
Eh bien
c’est exactement la question qui ne cesse d’occuper mes pensées, monsieur, fit
Aaron en arborant un sourire timide.
-
Oui,
enfin quoiqu’il en soit, je pense qu’on finira par lui faire cracher le
morceau, c’est de notre ressort, fit le policier en bombant le torse d’un air
fier.
-
Inutile.
-
Pardon ?
-
Je sais
ce que notre lascar nous cache.
L’air qui emplissait les poumons du policier
s’échappaient soudainement comme si on avait éclaté un ballon. Il regardait
maintenant Aaron d’un air interrogateur.
-
Il vit
une aventure avec une des enseignantes.
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