dimanche 8 avril 2012

Chapitre 1


1er CHAPITRE : L’Organisation





                                   « Une enveloppe ? 

Le ton inquisiteur du japonais perçait à jour l’inquiétude qui planait sur les deux hommes. Les évènements prenaient une mauvaise tournure. Ils le savaient tous deux l’un comme l’autre, ce n’était que le commencement. Son interlocuteur le fixait avec de grands yeux, visiblement bouillonnant d’impatience.

-         Hiro, mon ami, nous nous connaissons depuis l’âge de 14 ans. Je ne crois pas me tromper en affirmant que tu es le mieux placé pour savoir que lorsque les choses se compliquent, je ne suis pas du genre à plaisanter.

Il y eut un silence, lourd de sens. Entendre exprimer les craintes de son meilleur ami ne laissa pas indifférent le japonais.

-         Très bien, dit-il comme pour avouer son impuissance à lutter face à la détermination légendaire du détective, je t’écoute maintenant. Explique-moi, quelle énigme trépidante contient cette enveloppe ?

Ethan Law fit signe au garçon en chemise blanche qui terminait tout juste d’encaisser la consommation d’une table, non loin de leur sienne. Celui-ci ne se fit pas prier, les rejoignit zigzaguant habilement entre chaises, tables et clients et arrivé à eux, le détective lui tira une de ses manches comme pour lui demander de se baisser à sa hauteur. Le garçon s’exécuta, il lui souffla alors discrètement quelques bribes de mots à l’oreille et quand il eut fini, les deux hommes se permirent un regard qu’ils étaient les seuls à traduire.

Hiro observa le jeune serveur disparaitre discrètement derrière une sombre porte de chêne, située à droite du comptoir, avant de s’intéresser à nouveau à son vieil ami.

Sans plus attendre, le détective profita avidement de la situation pour offrir une cigarette à son corps qui en réclamait depuis bien maintenant quelques heures. Il savait que sa nonchalance agaçait extrêmement son ami mais celui-ci, à son grand étonnement, parvint à garder son calme.

Mais alors qu’Ethan  s’apprêtait à profiter du loisir d’une bonne bouffée de tabac, le garçon qui s’était retiré il y a seulement quelques secondes de cela, se tenait déjà devant lui et, comme pour justifier sa présence, tendait une enveloppe d’un blanc immaculé.

-         Merci bien, Kirt. Cela m’embêterai de vous retenir plus longtemps, alors je vous en prie, hâtez-vous donc mon ami. Déclarez donc votre flamme à l’heureuse élue et je prie pour vous que sa réponse soit positive. Allons qu’attendez-vous, l’amour ne patiente pas, mon garçon…

Le garçon semblait fondre comme un glaçon dans le regard du détective tandis qu’Hiro poussa un long soupir d’exaspération. Le japonais ne pipa aucun mot, l’habitude sans doute.

-         Comment le savez-vous, Mr Law ? articula le serveur, empreint d’une nervosité qui lui dévorait tous les muscles du corps.

-         J’ai bien peur de ne pas comprendre…

-         Comment pouvez être au courant pour la demande en mariage que je m’apprêtais à faire. J’en ai fait part à personne pourtant.

-         Oh, ce n’est pas bien obscur vous savez. C’est en tant que fidèle habitué de ce bar fort sympathique que je remarque qu’il n’est pas dans votre nature d’être gaucher. Pourtant vous vous serviez constamment de cette main-ci pour maintenir votre plateau, ce que je ne vous ai jamais vu faire jusqu’à présent. Mais bien plus encore, lorsque vous teniez votre plateau tout à l’heure, j’ai bien remarqué que votre main gauche n’était pas totalement à plat sous le plateau mais légèrement refermée, si bien que j’en ai déduit que vous teniez fermement un petit objet. Mais c’est à partir du moment où vous vous êtes en allé quérir l’enveloppe, comme je vous l’avais sollicité, et que de ce fait j’ai pu discerner un forme cubique qui ressortait de votre poche arrière de votre pantalon, que j’ai commencé à comprendre. Je vous aie également surpris en train de vous perdre, songeur et le sourire aux lèvres, dans le verre de champagne que vous serviez tout à l’heure à l’un de vos clients. Vous teniez probablement l’alliance fermement dans votre main gauche tout en faisant votre service tandis que la forme de la poche arrière de votre pantalon trahissait l’écrin dans lequel elle se trouvait. Enfin concernant cette excitation étrange que vous entreteniez secrètement au plus profond de vous-même à la vue de ce verre de champagne, je ne peux que soupçonner que, tout comme moi, le fameux cliché romantique de l’alliance reposant au fond  du verre vous ait traversé l’esprit et vous ait arraché ce sourire. J’imagine qu’entre deux services vous vous entrainiez à faire votre demande dans la pièce d’à côté. Bien entendu, j’admets que si je ne disposais que de seulement un seul de ces éléments, en apparence si pauvres et insignifiants, jamais je n’aurais pu espérer parvenir à cette conclusion que je vous expose si crument.

Ethan daigna enfin lever la tête en direction du serveur et, comprenant que le fait de ne pas l’avoir fait plus tôt était là le fruit d’une légère impolitesse, il lui offrit un large sourire comme pour s’excuser.

-         C’est bien en additionnant les éléments et les observations que la vérité se dessine devant nous, telle une équation.

Ce fut au tour du garçon de sourire.

-         Elle s’appelle Elizabeth, très belle et fort sympathique jeune femme, vous vous en doutez. Je l’ai invité à diner ce soir. Nous nous sommes rencontrés un jour où je décidais de visiter pour une troisième fois le musée du Louvres. On s’en lasse jamais, je suis un grand amateur d’art, vous savez. Nos regards se sont posés presque simultanément sur le célèbre tableau de la Joconde. Une fois nos esprits ivres du sourire le plus timide et le plus mystérieux qui soit, nos visages se faisaient face. Ce fut le coup de foudre. Mais je vous prie de croire que son sourire était le plus magnifique et le plus énigmatique qu’il m’est jamais été donné de rencontrer. Comme vous l’avez remarquablement deviné  Mr Law, j’ai l’intention de lui demander sa main. J’attendais ce jour avec tant d’impatience que cet évènement ne cessait d’occuper jalousement mes pensées, si bien qu’il m’arrivait de ne pas manger pendant des jours entiers, me nourrissant seulement du souvenir de cette merveilleuse rencontre. Mais visiblement, j’ai fini par trahir ces pensées secrètes qui me rongeaient de l’intérieur. Eh bien, merci pour votre soutien, mais je dois donc vous quitter à présent. Bonne soirée, messieurs.

Hiro et Ethan hochèrent la tête d’un même mouvement et suivirent du regard le futur marié s’engouffrer d’un pas fort déterminé vers la sortie avec pour seuls guides les battements de son cœur conquis de toutes les joies, pour un monde illuminé dans lequel il s’apprêtait s’envoler. Un monde qu’il préparait et enjolivait pour les yeux et le sourire de sa future reine.

Lorsque les deux hommes posèrent leur regard sur l’enveloppe blanche qui reposait  sur la table, les lumières qui s’étaient allumées dans leur regard s’éteignirent brutalement. Mais leurs visages conservaient encore les couleurs que leur avait procurés la fougue du jeune futur marié.



-         Cette enveloppe, Hiro, contient un message codé de l’Organisation.

Ethan savait quels effets ses propos allaient susciter et s’en réjouissait d’avance, il avait toujours aimé surprendre ses interlocuteurs et s’amuser à étudier leurs réactions.

-         Attends, Ethan, tu veux dire que…c’est bien de l’Organisation qu’on parle ? Ces salauds qu’on traque dans les quatre coins du globe ?

-         Exactement. Ces mêmes types qui ont assassiné Lana.

Hiro resta muet de stupeur, il n’en revenait pas. Voilà 12 ans qu’ils enquêtaient ensembles sur l’Organisation sans jamais mettre la main sur un élément ou une piste pouvant les conduire à identifier ses membres. Et aujourd’hui son coéquipier lui annonce soudainement qu’il est en possession d’un lien direct avec elle !

Mais très vite l’excitation du japonais fit place à une vague de méfiance. Il pressentait que son ami lui cachait quelque chose.

-         Dis-moi  Ethan, d’où tiens-tu cette formidable découverte ? dit-il avec un ton radicalement plus grave.

Le détective ne détacha pas pour autant son regard et conserva son calme extraordinaire qui lui était si caractéristique.

-         Peu importe pour le moment mon ami, l’essentiel c’est que nous avons un élément que nous pouvons exploiter à notre guise. Fais-moi confiance. Cette fois, il s’agit d’agir avec une extrême vigilance.

Cette réponse ne satisfaisait pas Hiro le moins du monde, au contraire, mais il n’était pas d’humeur à se lancer dans des questions auxquelles il ne trouverait probablement aucune réponse.

-         Bon très bien. Que dit le message ?

Pour la première fois depuis le début de la conversation, Hiro lut de la frustration dans le regard du détective, un sentiment que jamais durant sa carrière il n’avait eu l’occasion de ressentir. Apparemment, ils furent arrivés à un moment ou même le grand Ethan n’avait pas toutes les pièces du gigantesque puzzle dressé par l’Organisation.

-         A vrai dire je ne l’ai pas complètement résolu, avoua-il décontenancé comme jamais.

-         Tu veux dire que tu ne connais qu’une partie du message ?

-         Exact. Enfin disons plutôt que je n’ai connaissance de seulement qu’une infirme partie du mystère. Mais cette partie en elle-même ne m’est pas d’une grande  aide…

Comme pour toute attente, Ethan fit glisser l’enveloppe sur la table vers son partenaire avec un pincement au cœur. Il lui était difficilement supportable d’avouer son impuissance à résoudre en totalité une affaire, alors qu’il s’était déjà penché sur des milliers d’énigmes sans faillir à sa réputation.

-         Les temps ont changé, soupira-t-il.

Hiro s’empressa de retirer le contenu de la lettre les yeux brillants d’intérêt comme un enfant qui déballe son jouet. Il en sorti une feuille blanche soigneusement plié en deux. Il la déplia délicatement et porta directement son attention sur la suite de lettres et de chiffres qui décoraient la totalité de la feuille, comme aimanté :

                 Nous allons vous donner un avertissement, Mr le Détective.

Plusieurs  personnes vont  mourir, nous allons prendre la vie d’innocents en conséquence de votre détermination à nous mettre des bâtons dans les roues.

Apparemment la mort de Lana Law n’a pas suffi à vous éloigner de nos affaires.

En conséquence, pour commencer, sachez que  *********** sera assassiné, sans raison apparente, au ************ à AC H AE précises.

Toutes les voies de communications seront brouillées la veille au soir, si bien qu’il sera inutile d’appeler quelque secours que ce soit ni de joindre une quelconque personne, et ce même par téléphone portable. Tout a été préparé avec soin.

Sachez que vous nagez en territoire inconnu, et que tout cela dépasse tout ce dont vous pouvez imaginer. Nous savons trop de secrets sur trop de gens dont quelques-uns occupent de très hautes positions, si bien que, nous en sommes désolé, nous ne pouvons-nous permettre de vous laisser en paix maintenant que vous avez plongé tête baissé dans un monde qui n’est en rien le vôtre. Vous avez décidé naïvement de rentrer dans le jeu, vous devez donc vous plier aux règles et la mort de vos proches ne fait pas exception. Le drame survenu il y a 12 ans déjà qui a provoqué le décès de Lana Law, votre femme, est la preuve parfaite de votre impuissance.

Nous avons décidé de tester votre talent, Mr le Détective. On dit de vous que vous avez hérité d’un véritable génie en matière d’énigme et d’affaires criminelles et que votre renommée est loin d’être négligeable. Soyez assuré que l’affaire qui vous est proposée est un défi qui conviendra parfaitement, à votre notoriété, en tout cas nous l’espérons. A présent, le temps vous est compté, et je suis au regret de vous rappeler qu’une vie va s’éteindre si vous ne parvenez pas à empêcher le compte à rebours. Le lieu et l’heure du crime, ainsi que le nom de la victime vous sont bien entendu divulgués plus haut sous forme codée. Mais vous en conviendrez Mr le Détective, ce message codé est d’une simplicité enfantine et il n’a pour seul  but que de vous ralentir dans votre course.



Amusez-vous bien,                                                               L’Organisation

                                 

-         C’est une blague, s’enquit le japonais davantage impressionné par  le contenu du message que par son auteur.

-         J’ai bien peur que non. Il n’en a pas l’air comme ça, mais il donne du fil à retordre.

-         Bon. Explique-moi, où tu en es ? continua Hiro motivé comme jamais.

Ethan pris une bouffée de tabac et fit jaillir la fumée de sa bouche, si bien que presque aussitôt l’image des dragons que l’on vénérait tant dans son pays traversa l’esprit du japonais.

-         Maintenant que tu as cette lettre sous les yeux, je ne te cacherais plus rien. J’ai reçu cette lettre anonyme hier soir vers 19h mais ce n’est pas très important. Tu l’auras compris, poursuivit Ethan avec moins d’entrain, c’est un message à mon attention de l’Organisation et aussi un défi…

Il s’arrêta brusquement, ferma les yeux un long moment puis reprit dans un ultime effort :

-         …un défi que je ne peux relever.

Ces propos firent l’effet d’une bombe et très vite Hiro se laissa emporter par une rage folle. Ce qu’il pressentait depuis le début de la conversation se confirmait : ce n’était plus l’Ethan qu’il connaissait.

-          Comment ça, un défi que tu ne peux pas relever ? Ces enfoirés vont s’en prendre à des innocents et toi tu vas rester là les bras croisés et les doigts de pieds en éventail ?!

La vision du japonais se fit plus trouble tant il était envahi par sa colère. Il ne comprenait pas, il ne voulait pas comprendre ou plutôt il n’y avait rien à comprendre. Il faisait un effort monumental pour s’empêcher de lui sauter dessus et de le ramener à la raison à coup de poings.

Heureusement pour eux, le bar était vide à cette heure tardive.

-         Je peux très bien comprendre qu’aujourd’hui encore tu ne t’en es toujours pas remis, mais la mort de Lana doit te servir de leçon. Il faut éviter …

Ethan l’arrêta d’un geste de la main, son regard mélangeait à la fois de la tristesse et de l’anxiété.

-         Je m’excuse, je ne me suis pas bien fait comprendre, Hiro. En aucun cas je n’ai dit que je ne VOULAIS pas relever ce défi, mais que je ne POUVAIS pas y remédier. C’est pourquoi j’ai dit que je n’avais déchiffré qu’une partie insignifiante de l’énigme, autrement dit, du meurtre qui va se perpétrer.

La tension étouffante du japonais baissa d’un cran. Il n’avait jamais vu son ami d’enfance si anxieux. Quelque chose le tracassait, c’était certain.

-         J’avoue que je ne comprends pas…Ethan, qu’est ce qui se passe ?

-         Voici la signification de la partie du  message chiffré, continua le détective ignorant la question. Si je prends mots à mots, cela donne :         « David Surrey sera assassiné au ********* à 13H15 précises ».

C’était relativement simple à trouver. L’auteur de la lettre s’était simplement basé sur la codification téléphonique traditionnelle.

Tu l’as forcément déjà remarqué, à chaque touche de nos téléphones 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7,8 et 9 correspond un certain nombre de lettres, le plus souvent un groupe de 3 lettres sauf exception pour les touches 7 et 9 où en fait il y a une lettre de plus. Ce qui en fait 4 pour celles-ci.

Ethan marqua une pause, le temps de s’assurer que son interlocuteur ait bien pu suivre jusqu’ici, puis reprit.

-         Dans le message présumé de l’Organisation, une lettre correspond en fait à un groupe de 2 chiffres séparés par une barre. Le premier chiffre correspond au numéro de la touche du téléphone à laquelle on doit se référer, puis le deuxième chiffre à l’emplacement de la lettre (en partant de gauche à droite) désignée sous cette touche. Pour mieux comprendre, la lettre L, selon la codification,  s’écrit alors « 5/3 ». Le chiffre 5 étant le numéro de la touche de référence et le chiffre 3 désignant la 3ème lettre présente sous la touche L. Or tu peux constater qu’on tombe forcément sur la lettre L. Voilà, une fois qu’on prend conscience de l’astuce, tout va très vite.

Hiro esquissa un sourire. Alors qu’il avait perdu tout espoir de retrouver la personne qu’il avait connu depuis fort longtemps, voilà qu’il redécouvrait un Ethan qui lui était familier. L’Ethan dont le visage s’illuminait à chaque fois qu’il exposait sa résolution d’une affaire ou d’une énigme sans hésitation, là où d’autres ne voyaient habituellement que du feu.

-         Mais qui….

-         Oh, j’oubliais, le coupa le détective, pour découvrir l’heure planifiée du meurtre, finalement c’était simplement le code classique où chaque chiffre correspond  en fait à une lettre de l’alphabet, vois-tu, comme A=1, B=2…S’il n’était pas question  de coupure de télécommunications et de téléphone portable dans le message je n’aurais sans doute jamais pu apporter de lumière…

-         D’accord  j’ai compris pour le message Ethan, mais qui est ce David Surrey ? répéta Hiro.

-         Je n’en ai aucune idée, tu le connais ?

Hiro dévisagea Ethan d’un air suspicieux. Apparemment, il se fichait de lui.

-         Contrairement à certains, je n’oublie jamais le nom des gens que je rencontre et encore moins leurs visages d’ailleurs, lança le japonais forcé de se justifier.

-         Je n’en doute pas. Bien à présent, aurais-tu l’amabilité de me lire cette lettre postée de ce matin ?

Hiro fit de grands yeux en accueillant au creux de ses mains une feuille de papier à lettres épaisse et jaune.

-         Encore une lettre ? Ne me dit pas qu’il s’agit du même auteur !

-         J’en doute fort. Mais je dois avouer que je ne me suis même pas consacré une seconde de mon temps en faveur de cette correspondance. Alors Hiro, je suis tout ouïe.



-         La lettre est datée d’hier, et on a une adresse : 22 rue Henry Marx, Lycée Marx, Paris.



-         Je t’en prie, poursuit ta lecture, s’impatienta Ethan.



     « Monsieur Sherrin Ford, pardonnez-moi d’entrer si promptement dans le vif du sujet. Je me permets d’alléger le poids qui pèse sur mes épaules en suivant les conseils que l’on m’a aimablement donné, et c’est tout simplement vers vous que les échos convergent. Je ne crois pas me tromper en disant que vous êtes très certainement le plus grand détective consultant de l’Hexagone et que, de ce fait, un pauvre homme tel que moi doit bien remercier le Ciel qu’une telle lumière soit à sa portée. Aussi, je suis prêt à y consacrer la somme nécessaire, et ce, quelle que soit son espèce.

Mr Ford, c’est un simple directeur d’école parisien qui vous sollicite et vos services permettront très certainement de lever le voile sur la menace invisible qui pèse sur son école, dont les germes se situent il y a maintenant 7 ans de cela. J’imagine que j’aurais tout le loisir de vous rencontrer sur place et de vous expliquer en détail mes craintes concernant ce drame survenu il y a 7 ans et dont je soupçonne que la vérité n’est peut-être pas celle qu’on voudrait nous le faire croire. Aussi, soyez assuré que je serais à votre disposition tout au long de la semaine si bien que cela vous laisse tout le loisir d’agir à votre guise. Enfin Mr Ford, ne vous formalisez pas si mes appels à l’aide peuvent vous sembler complètement détachés du genre d’affaires dont vous vous occupez habituellement, je me fis seulement de mes pressentiments et je ne peux que vous invitez à en faire de même.»



-         Eh bien ! Voilà qui n’est pas commun. Il y a des choses à en tirer, Hiro, c’est moi qui te le dis, s’exclama Ethan en se frottant les mains.

-         Mais, c’est sous ton pseudo qu’il t’interpelle, remarqua le japonais.

-         Exact.

-         Soit, mais pourquoi ?

-         C’est une simple question de précaution. Premièrement, aux yeux du grand public, je suis Sherrin Ford, le grand détective, tandis qu’Ethan Law n’est qu’un simple individu anodin et sans importance de plus dans l’échelle de la société. Personne ne pourrait soupçonner un jour que les deux personnages ne forment en réalité qu’un seul et même reflet et c’est pourquoi je te gage d’en préserver le secret, mais on en a déjà assez longuement discuté. Et enfin deuxièmement, il se trouve que le lycée en question, par je ne sais quel hasard, n’est autre que celui de mon fils Aaron. Crois-tu réellement que j’irais répondre à cette affaire en tant qu’Ethan Law, le père d’Aaron Law et de devoir expliquer que je suis le plus grand détective consultant que la police n’ai jamais convoité et que tous les criminels aspirent à effacer ? Admettons l’absurdité un petit moment : je ne ferais qu’offrir naïvement à l’Organisation un moyen de pression. Elle n’aurait qu’à faire de mon fils un otage ou, au regret de le dire, l’assassiner. Nous nous sommes engagés à condamner les activités criminelles tentaculaires de l’Organisation, et cette lutte nous devons la mener seule et éviter d’emporter dans ce tourbillon meurtrier  la vie des gens qui ne demandaient rien d’autre que de poursuivre leur existence. Je regrette sincèrement, mon ami, d’avoir sollicité ton sens aigu de la justice et par-dessus-tout  ton cœur chevaleresque dans ma bataille d’une vie.



-         Je t’arrête. C’était à moi tout de même que revenait la décision de m’engager ou au contraire de te laisser faire campagne seule alors cessons ces paroles futiles et concentrons-nous plutôt sur cette nouvelle affaire qui s’affiche fièrement devant nous.



-         Voilà qui est bien parlé, fit Ethan en arborant un large sourire.



-         Dois-je comprendre que tu projettes de te rendre à Paris pour en venir en aide à ce directeur ?



Le détective secoua la tête. Depuis le moment où le message avait pris tout son sens, il savait que son rôle dans cette histoire allait s’arrêter ici, l’affaire allait immanquablement graviter autour d’un jeune personnage dont il se souciait évidemment le plus.

-         Non. Il va devoir se passer de moi.

-         Pardon ?

-         Crois- moi je n’en tire aucune satisfaction. Tu as pu le constater toi-même, l’Organisation fait de nouveau parler d’elle et son meurtre est prévu dans  les 4 jours à compter de celui-ci. Ce délai est malheureusement bien trop court pour que je puisse le coupler avec cette affaire qui, pourtant, je ne le doute pas, doit être réellement intéressante. Je suis au regret de l’annoncer mais l’Organisation représente une priorité.

-         Tu ne vas tout de même pas refuser ouvertement de…

-         Bien sûr que non ! le coupa Ethan. C’est bien pour ça que je te charge d’y aller à ma place.

Le japonais resta de marbre.

-         Tu n’es pas sérieux Ethan…

-         Je n’ai jamais été autant sérieux. N’oublie pas que dans cet endroit ou           ce mystérieux drame a eu lieu se trouve actuellement mon fils. Je ne te demande pas de faire une faveur à un ami, mais à un jeune garçon de 17 ans.

L’argument fit mouche puisque le japonais poussa un long soupir d’appréhension.

Tout devint clair dans l’esprit d’Hiro. Voilà ce qui expliquait l’attitude inhabituelle d’Ethan, la lettre, l’Organisation, le meurtre, l’impuissance du détective à agir… Il devait jongler entre l’Organisation et son fils. Une menace pesait-elle réellement sur Aaron Law ?

-         Il n’y a pas matière à s’inquiéter, rétorqua Ethan devinant ses pensées, mon fils est quelqu’un de spécial…Il survivra. Mon sang coule dans ses veines, celui des Law. Et puis d’après ce que j’en sais, il a hérité de l’obsession pour les enquêtes policière de son père, finit-il en esquissant un large sourire.

Mais ce sourire sonnait faux pour Hiro qui y voyait plus une volonté pour le détective de se rassurer  lui-même. Puis soudain, alors qu’il n’y s’y attendait pas du tout, le japonais surpris un filet de larmes perler sous les yeux verts émeraude de son vieil ami. Une tristesse profonde lui étreignit alors violemment l’estomac.

-         Tout finira par s’arranger. Ta mère et moi sommes à tes côtés, Aaron. Si ta mère a offert sa vie pour la justice, je ne laisserais aucune main éteindre impunément la flamme qui sommeille en toi. Je te le promets…

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