1er CHAPITRE : L’Organisation
« Une
enveloppe ?
Le ton inquisiteur du
japonais perçait à jour l’inquiétude qui planait sur les deux hommes. Les
évènements prenaient une mauvaise tournure. Ils le savaient tous deux l’un
comme l’autre, ce n’était que le commencement. Son interlocuteur le fixait avec
de grands yeux, visiblement bouillonnant d’impatience.
-
Hiro, mon ami, nous nous connaissons
depuis l’âge de 14 ans. Je ne crois pas me tromper en affirmant que tu es le mieux
placé pour savoir que lorsque les choses se compliquent, je ne suis pas du
genre à plaisanter.
Il y eut un silence,
lourd de sens. Entendre exprimer les craintes de son meilleur ami ne laissa pas
indifférent le japonais.
-
Très bien, dit-il comme pour avouer son
impuissance à lutter face à la détermination légendaire du détective, je
t’écoute maintenant. Explique-moi, quelle énigme trépidante contient cette
enveloppe ?
Ethan Law fit signe au
garçon en chemise blanche qui terminait tout juste d’encaisser la consommation
d’une table, non loin de leur sienne. Celui-ci ne se fit pas prier, les
rejoignit zigzaguant habilement entre chaises, tables et clients et arrivé à
eux, le détective lui tira une de ses manches comme pour lui demander de se
baisser à sa hauteur. Le garçon s’exécuta, il lui souffla alors discrètement
quelques bribes de mots à l’oreille et quand il eut fini, les deux hommes se
permirent un regard qu’ils étaient les seuls à traduire.
Hiro observa le jeune
serveur disparaitre discrètement derrière une sombre porte de chêne, située à
droite du comptoir, avant de s’intéresser à nouveau à son vieil ami.
Sans plus attendre, le
détective profita avidement de la situation pour offrir une cigarette à son
corps qui en réclamait depuis bien maintenant quelques heures. Il savait que sa
nonchalance agaçait extrêmement son ami mais celui-ci, à son grand étonnement,
parvint à garder son calme.
Mais alors
qu’Ethan s’apprêtait à profiter du
loisir d’une bonne bouffée de tabac, le garçon qui s’était retiré il y a
seulement quelques secondes de cela, se tenait déjà devant lui et, comme pour
justifier sa présence, tendait une enveloppe d’un blanc immaculé.
-
Merci bien, Kirt. Cela m’embêterai de
vous retenir plus longtemps, alors je vous en prie, hâtez-vous donc mon ami.
Déclarez donc votre flamme à l’heureuse élue et je prie pour vous que sa
réponse soit positive. Allons qu’attendez-vous, l’amour ne patiente pas, mon
garçon…
Le garçon semblait
fondre comme un glaçon dans le regard du détective tandis qu’Hiro poussa un
long soupir d’exaspération. Le japonais ne pipa aucun mot, l’habitude sans doute.
-
Comment le savez-vous, Mr Law ?
articula le serveur, empreint d’une nervosité qui lui dévorait tous les muscles
du corps.
-
J’ai bien peur de ne pas comprendre…
-
Comment pouvez être au courant pour la
demande en mariage que je m’apprêtais à faire. J’en ai fait part à personne
pourtant.
-
Oh, ce n’est pas bien obscur vous savez.
C’est en tant que fidèle habitué de ce bar fort sympathique que je remarque
qu’il n’est pas dans votre nature d’être gaucher. Pourtant vous vous serviez
constamment de cette main-ci pour maintenir votre plateau, ce que je ne vous ai
jamais vu faire jusqu’à présent. Mais bien plus encore, lorsque vous teniez
votre plateau tout à l’heure, j’ai bien remarqué que votre main gauche n’était
pas totalement à plat sous le plateau mais légèrement refermée, si bien que
j’en ai déduit que vous teniez fermement un petit objet. Mais c’est à partir du
moment où vous vous êtes en allé quérir l’enveloppe, comme je vous l’avais
sollicité, et que de ce fait j’ai pu discerner un forme cubique qui ressortait
de votre poche arrière de votre pantalon, que j’ai commencé à comprendre. Je
vous aie également surpris en train de vous perdre, songeur et le sourire aux
lèvres, dans le verre de champagne que vous serviez tout à l’heure à l’un de
vos clients. Vous teniez probablement l’alliance fermement dans votre main
gauche tout en faisant votre service tandis que la forme de la poche arrière de
votre pantalon trahissait l’écrin dans lequel elle se trouvait. Enfin
concernant cette excitation étrange que vous entreteniez secrètement au plus
profond de vous-même à la vue de ce verre de champagne, je ne peux que
soupçonner que, tout comme moi, le fameux cliché romantique de l’alliance reposant
au fond du verre vous ait traversé
l’esprit et vous ait arraché ce sourire. J’imagine qu’entre deux services vous
vous entrainiez à faire votre demande dans la pièce d’à côté. Bien entendu,
j’admets que si je ne disposais que de seulement un seul de ces éléments, en
apparence si pauvres et insignifiants, jamais je n’aurais pu espérer parvenir à
cette conclusion que je vous expose si crument.
Ethan
daigna enfin lever la tête en direction du serveur et, comprenant que le fait
de ne pas l’avoir fait plus tôt était là le fruit d’une légère impolitesse, il lui
offrit un large sourire comme pour s’excuser.
-
C’est bien en additionnant les éléments
et les observations que la vérité se dessine devant nous, telle une équation.
Ce fut au tour du
garçon de sourire.
-
Elle s’appelle Elizabeth, très belle et
fort sympathique jeune femme, vous vous en doutez. Je l’ai invité à diner ce
soir. Nous nous sommes rencontrés un jour où je décidais de visiter pour une
troisième fois le musée du Louvres. On s’en lasse jamais, je suis un grand
amateur d’art, vous savez. Nos regards se sont posés presque simultanément sur
le célèbre tableau de la Joconde. Une fois nos esprits ivres du sourire le plus
timide et le plus mystérieux qui soit, nos visages se faisaient face. Ce fut le
coup de foudre. Mais je vous prie de croire que son sourire était le plus
magnifique et le plus énigmatique qu’il m’est jamais été donné de rencontrer.
Comme vous l’avez remarquablement deviné
Mr Law, j’ai l’intention de lui demander sa main. J’attendais ce jour
avec tant d’impatience que cet évènement ne cessait d’occuper jalousement mes
pensées, si bien qu’il m’arrivait de ne pas manger pendant des jours entiers,
me nourrissant seulement du souvenir de cette merveilleuse rencontre. Mais
visiblement, j’ai fini par trahir ces pensées secrètes qui me rongeaient de
l’intérieur. Eh bien, merci pour votre soutien, mais je dois donc vous quitter
à présent. Bonne soirée, messieurs.
Hiro et Ethan hochèrent
la tête d’un même mouvement et suivirent du regard le futur marié s’engouffrer
d’un pas fort déterminé vers la sortie avec pour seuls guides les battements de
son cœur conquis de toutes les joies, pour un monde illuminé dans lequel il
s’apprêtait s’envoler. Un monde qu’il préparait et enjolivait pour les yeux et
le sourire de sa future reine.
Lorsque les deux hommes
posèrent leur regard sur l’enveloppe blanche qui reposait sur la table, les lumières qui s’étaient
allumées dans leur regard s’éteignirent brutalement. Mais leurs visages
conservaient encore les couleurs que leur avait procurés la fougue du jeune futur
marié.
-
Cette enveloppe, Hiro, contient un
message codé de l’Organisation.
Ethan savait quels
effets ses propos allaient susciter et s’en réjouissait d’avance, il avait
toujours aimé surprendre ses interlocuteurs et s’amuser à étudier leurs
réactions.
-
Attends, Ethan, tu veux dire que…c’est
bien de l’Organisation qu’on parle ? Ces salauds qu’on traque dans les
quatre coins du globe ?
-
Exactement. Ces mêmes types qui ont
assassiné Lana.
Hiro resta muet de
stupeur, il n’en revenait pas. Voilà 12 ans qu’ils enquêtaient ensembles sur
l’Organisation sans jamais mettre la main sur un élément ou une piste pouvant
les conduire à identifier ses membres. Et aujourd’hui son coéquipier lui
annonce soudainement qu’il est en possession d’un lien direct avec elle !
Mais très vite
l’excitation du japonais fit place à une vague de méfiance. Il pressentait que
son ami lui cachait quelque chose.
-
Dis-moi
Ethan, d’où tiens-tu cette formidable découverte ? dit-il avec un
ton radicalement plus grave.
Le détective ne détacha
pas pour autant son regard et conserva son calme extraordinaire qui lui était
si caractéristique.
-
Peu importe pour le moment mon ami, l’essentiel
c’est que nous avons un élément que nous pouvons exploiter à notre guise.
Fais-moi confiance. Cette fois, il s’agit d’agir avec une extrême vigilance.
Cette réponse ne
satisfaisait pas Hiro le moins du monde, au contraire, mais il n’était pas d’humeur
à se lancer dans des questions auxquelles il ne trouverait probablement aucune
réponse.
-
Bon très bien. Que dit le message ?
Pour la première fois
depuis le début de la conversation, Hiro lut de la frustration dans le regard
du détective, un sentiment que jamais durant sa carrière il n’avait eu
l’occasion de ressentir. Apparemment, ils furent arrivés à un moment ou même le
grand Ethan n’avait pas toutes les pièces du gigantesque puzzle dressé par
l’Organisation.
-
A vrai dire je ne l’ai pas complètement
résolu, avoua-il décontenancé comme jamais.
-
Tu veux dire que tu ne connais qu’une
partie du message ?
-
Exact. Enfin disons plutôt que je n’ai
connaissance de seulement qu’une infirme partie du mystère. Mais cette partie
en elle-même ne m’est pas d’une grande
aide…
Comme pour toute
attente, Ethan fit glisser l’enveloppe sur la table vers son partenaire avec un
pincement au cœur. Il lui était difficilement supportable d’avouer son
impuissance à résoudre en totalité une affaire, alors qu’il s’était déjà penché
sur des milliers d’énigmes sans faillir à sa réputation.
-
Les temps ont changé, soupira-t-il.
Hiro s’empressa de
retirer le contenu de la lettre les yeux brillants d’intérêt comme un enfant
qui déballe son jouet. Il en sorti une feuille blanche soigneusement plié en
deux. Il la déplia délicatement et porta directement son attention sur la suite
de lettres et de chiffres qui décoraient la totalité de la feuille, comme
aimanté :
Nous allons vous donner un avertissement, Mr le Détective.
Plusieurs personnes vont mourir, nous allons prendre la vie d’innocents
en conséquence de votre détermination à nous mettre des bâtons dans les roues.
Apparemment la mort de
Lana Law n’a pas suffi à vous éloigner de nos affaires.
En conséquence, pour
commencer, sachez que *********** sera
assassiné, sans raison apparente, au ************ à AC H AE précises.
Toutes les voies de
communications seront brouillées la veille au soir, si bien qu’il sera inutile
d’appeler quelque secours que ce soit ni de joindre une quelconque personne, et
ce même par téléphone portable. Tout a été préparé avec soin.
Sachez que vous nagez
en territoire inconnu, et que tout cela dépasse tout ce dont vous pouvez
imaginer. Nous savons trop de secrets sur trop de gens dont quelques-uns
occupent de très hautes positions, si bien que, nous en sommes désolé, nous ne
pouvons-nous permettre de vous laisser en paix maintenant que vous avez plongé
tête baissé dans un monde qui n’est en rien le vôtre. Vous avez décidé
naïvement de rentrer dans le jeu, vous devez donc vous plier aux règles et la
mort de vos proches ne fait pas exception. Le drame survenu il y a 12 ans déjà
qui a provoqué le décès de Lana Law, votre femme, est la preuve parfaite de
votre impuissance.
Nous avons décidé de
tester votre talent, Mr le Détective. On dit de vous que vous avez hérité d’un
véritable génie en matière d’énigme et d’affaires criminelles et que votre
renommée est loin d’être négligeable. Soyez assuré que l’affaire qui vous est
proposée est un défi qui conviendra parfaitement, à votre notoriété, en tout
cas nous l’espérons. A présent, le temps vous est compté, et je suis au regret
de vous rappeler qu’une vie va s’éteindre si vous ne parvenez pas à empêcher le
compte à rebours. Le lieu et l’heure du crime, ainsi que le nom de la victime
vous sont bien entendu divulgués plus haut sous forme codée. Mais vous en
conviendrez Mr le Détective, ce message codé est d’une simplicité enfantine et
il n’a pour seul but que de vous
ralentir dans votre course.
Amusez-vous bien,
L’Organisation
-
C’est une blague, s’enquit le japonais davantage
impressionné par le contenu du message
que par son auteur.
-
J’ai bien peur que non. Il n’en a pas
l’air comme ça, mais il donne du fil à retordre.
-
Bon. Explique-moi, où tu en es ?
continua Hiro motivé comme jamais.
Ethan
pris une bouffée de tabac et fit jaillir la fumée de sa bouche, si bien que
presque aussitôt l’image des dragons que l’on vénérait tant dans son pays
traversa l’esprit du japonais.
-
Maintenant que tu as cette lettre sous
les yeux, je ne te cacherais plus rien. J’ai reçu cette lettre anonyme hier
soir vers 19h mais ce n’est pas très important. Tu l’auras compris, poursuivit
Ethan avec moins d’entrain, c’est un message à mon attention de l’Organisation
et aussi un défi…
Il
s’arrêta brusquement, ferma les yeux un long moment puis reprit dans un ultime
effort :
-
…un défi que je ne peux relever.
Ces
propos firent l’effet d’une bombe et très vite Hiro se laissa emporter par une
rage folle. Ce qu’il pressentait depuis le début de la conversation se
confirmait : ce n’était plus l’Ethan qu’il connaissait.
-
Comment ça, un défi que tu ne peux pas
relever ? Ces enfoirés vont s’en prendre à des innocents et toi tu vas
rester là les bras croisés et les doigts de pieds en éventail ?!
La
vision du japonais se fit plus trouble tant il était envahi par sa colère. Il
ne comprenait pas, il ne voulait pas comprendre ou plutôt il n’y avait rien à
comprendre. Il faisait un effort monumental pour s’empêcher de lui sauter
dessus et de le ramener à la raison à coup de poings.
Heureusement
pour eux, le bar était vide à cette heure tardive.
-
Je peux très bien comprendre
qu’aujourd’hui encore tu ne t’en es toujours pas remis, mais la mort de Lana
doit te servir de leçon. Il faut éviter …
Ethan
l’arrêta d’un geste de la main, son regard mélangeait à la fois de la tristesse
et de l’anxiété.
-
Je m’excuse, je ne me suis pas bien fait
comprendre, Hiro. En aucun cas je n’ai dit que je ne VOULAIS pas relever ce
défi, mais que je ne POUVAIS pas y remédier. C’est pourquoi j’ai dit que je
n’avais déchiffré qu’une partie insignifiante de l’énigme, autrement dit, du
meurtre qui va se perpétrer.
La
tension étouffante du japonais baissa d’un cran. Il n’avait jamais vu son ami
d’enfance si anxieux. Quelque chose le tracassait, c’était certain.
-
J’avoue que je ne comprends pas…Ethan,
qu’est ce qui se passe ?
-
Voici la signification de la partie du message chiffré, continua le détective
ignorant la question. Si je prends mots à mots, cela donne : « David Surrey sera assassiné au
********* à 13H15 précises ».
C’était
relativement simple à trouver. L’auteur de la lettre s’était simplement basé
sur la codification téléphonique traditionnelle.
Tu
l’as forcément déjà remarqué, à chaque touche de nos téléphones 1, 2, 3, 4, 5,
6, 7,8 et 9 correspond un certain nombre de lettres, le plus souvent un groupe
de 3 lettres sauf exception pour les touches 7 et 9 où en fait il y a une lettre
de plus. Ce qui en fait 4 pour celles-ci.
Ethan marqua une pause,
le temps de s’assurer que son interlocuteur ait bien pu suivre jusqu’ici, puis
reprit.
-
Dans le message présumé de l’Organisation,
une lettre correspond en fait à un groupe de 2 chiffres séparés par une barre.
Le premier chiffre correspond au numéro de la touche du téléphone à laquelle on
doit se référer, puis le deuxième chiffre à l’emplacement de la lettre (en
partant de gauche à droite) désignée sous cette touche. Pour mieux comprendre,
la lettre L, selon la codification,
s’écrit alors « 5/3 ». Le chiffre 5 étant le numéro de la
touche de référence et le chiffre 3 désignant la 3ème lettre
présente sous la touche L. Or tu peux constater qu’on tombe forcément sur la
lettre L. Voilà, une fois qu’on prend conscience de l’astuce, tout va très
vite.
Hiro esquissa un
sourire. Alors qu’il avait perdu tout espoir de retrouver la personne qu’il
avait connu depuis fort longtemps, voilà qu’il redécouvrait un Ethan qui lui
était familier. L’Ethan dont le visage s’illuminait à chaque fois qu’il
exposait sa résolution d’une affaire ou d’une énigme sans hésitation, là où
d’autres ne voyaient habituellement que du feu.
-
Mais qui….
-
Oh, j’oubliais, le coupa le détective, pour
découvrir l’heure planifiée du meurtre, finalement c’était simplement le code
classique où chaque chiffre correspond
en fait à une lettre de l’alphabet, vois-tu, comme A=1, B=2…S’il n’était
pas question de coupure de
télécommunications et de téléphone portable dans le message je n’aurais sans
doute jamais pu apporter de lumière…
-
D’accord
j’ai compris pour le message Ethan, mais qui est ce David Surrey ?
répéta Hiro.
-
Je n’en ai aucune idée, tu le
connais ?
Hiro dévisagea Ethan
d’un air suspicieux. Apparemment, il se fichait de lui.
-
Contrairement à certains, je n’oublie
jamais le nom des gens que je rencontre et encore moins leurs visages
d’ailleurs, lança le japonais forcé de se justifier.
-
Je n’en doute pas. Bien à présent,
aurais-tu l’amabilité de me lire cette lettre postée de ce matin ?
Hiro fit de grands yeux
en accueillant au creux de ses mains une feuille de papier à lettres épaisse et
jaune.
-
Encore une lettre ? Ne me dit pas
qu’il s’agit du même auteur !
-
J’en doute fort. Mais je dois avouer que
je ne me suis même pas consacré une seconde de mon temps en faveur de cette
correspondance. Alors Hiro, je suis tout ouïe.
-
La lettre est datée d’hier, et on a une
adresse : 22 rue Henry Marx, Lycée Marx, Paris.
-
Je t’en prie, poursuit ta lecture,
s’impatienta Ethan.
« Monsieur Sherrin Ford,
pardonnez-moi d’entrer si promptement dans le vif du sujet. Je me permets
d’alléger le poids qui pèse sur mes épaules en suivant les conseils que l’on
m’a aimablement donné, et c’est tout simplement vers vous que les échos
convergent. Je ne crois pas me tromper en disant que vous êtes très
certainement le plus grand détective consultant de l’Hexagone et que, de ce
fait, un pauvre homme tel que moi doit bien remercier le Ciel qu’une telle
lumière soit à sa portée. Aussi, je suis prêt à y consacrer la somme nécessaire,
et ce, quelle que soit son espèce.
Mr
Ford, c’est un simple directeur d’école parisien qui vous sollicite et vos
services permettront très certainement de lever le voile sur la menace
invisible qui pèse sur son école, dont les germes se situent il y a maintenant
7 ans de cela. J’imagine que j’aurais tout le loisir de vous rencontrer sur
place et de vous expliquer en détail mes craintes concernant ce drame survenu
il y a 7 ans et dont je soupçonne que la vérité n’est peut-être pas celle qu’on
voudrait nous le faire croire. Aussi, soyez assuré que je serais à votre
disposition tout au long de la semaine si bien que cela vous laisse tout le
loisir d’agir à votre guise. Enfin Mr Ford, ne vous formalisez pas si mes
appels à l’aide peuvent vous sembler complètement détachés du genre d’affaires
dont vous vous occupez habituellement, je me fis seulement de mes
pressentiments et je ne peux que vous invitez à en faire de même.»
-
Eh bien ! Voilà qui n’est pas
commun. Il y a des choses à en tirer, Hiro, c’est moi qui te le dis, s’exclama
Ethan en se frottant les mains.
-
Mais, c’est sous ton pseudo qu’il
t’interpelle, remarqua le japonais.
-
Exact.
-
Soit, mais pourquoi ?
-
C’est une simple question de précaution.
Premièrement, aux yeux du grand public, je suis Sherrin Ford, le grand
détective, tandis qu’Ethan Law n’est qu’un simple individu anodin et sans
importance de plus dans l’échelle de la société. Personne ne pourrait
soupçonner un jour que les deux personnages ne forment en réalité qu’un seul et
même reflet et c’est pourquoi je te gage d’en préserver le secret, mais on en a
déjà assez longuement discuté. Et enfin deuxièmement, il se trouve que le lycée
en question, par je ne sais quel hasard, n’est autre que celui de mon fils
Aaron. Crois-tu réellement que j’irais répondre à cette affaire en tant qu’Ethan
Law, le père d’Aaron Law et de devoir expliquer que je suis le plus grand
détective consultant que la police n’ai jamais convoité et que tous les
criminels aspirent à effacer ? Admettons l’absurdité un petit
moment : je ne ferais qu’offrir naïvement à l’Organisation un moyen de
pression. Elle n’aurait qu’à faire de mon fils un otage ou, au regret de le
dire, l’assassiner. Nous nous sommes engagés à condamner les activités
criminelles tentaculaires de l’Organisation, et cette lutte nous devons la
mener seule et éviter d’emporter dans ce tourbillon meurtrier la vie des gens qui ne demandaient rien
d’autre que de poursuivre leur existence. Je regrette sincèrement, mon ami,
d’avoir sollicité ton sens aigu de la justice et par-dessus-tout ton cœur chevaleresque dans ma bataille d’une
vie.
-
Je t’arrête. C’était à moi tout
de même que revenait la décision de m’engager ou au contraire de te
laisser faire campagne seule alors cessons ces paroles futiles et
concentrons-nous plutôt sur cette nouvelle affaire qui s’affiche fièrement
devant nous.
-
Voilà qui est bien parlé, fit Ethan en
arborant un large sourire.
-
Dois-je comprendre que tu projettes de
te rendre à Paris pour en venir en aide à ce directeur ?
Le détective secoua la
tête. Depuis le moment où le message avait pris tout son sens, il savait que son
rôle dans cette histoire allait s’arrêter ici, l’affaire allait immanquablement
graviter autour d’un jeune personnage dont il se souciait évidemment le plus.
-
Non. Il va devoir se passer de moi.
-
Pardon ?
-
Crois- moi je n’en tire aucune
satisfaction. Tu as pu le constater toi-même, l’Organisation fait de nouveau
parler d’elle et son meurtre est prévu dans les 4 jours à compter de celui-ci. Ce délai
est malheureusement bien trop court pour que je puisse le coupler avec cette
affaire qui, pourtant, je ne le doute pas, doit être réellement intéressante.
Je suis au regret de l’annoncer mais l’Organisation représente une priorité.
-
Tu ne vas tout de même pas refuser
ouvertement de…
-
Bien sûr que non ! le coupa Ethan.
C’est bien pour ça que je te charge d’y aller à ma place.
Le japonais resta de
marbre.
-
Tu n’es pas sérieux Ethan…
-
Je n’ai jamais été autant sérieux.
N’oublie pas que dans cet endroit ou
ce mystérieux drame a eu lieu se trouve actuellement mon fils. Je ne te
demande pas de faire une faveur à un ami, mais à un jeune garçon de 17 ans.
L’argument fit mouche
puisque le japonais poussa un long soupir d’appréhension.
Tout devint clair dans
l’esprit d’Hiro. Voilà ce qui expliquait l’attitude inhabituelle d’Ethan, la
lettre, l’Organisation, le meurtre, l’impuissance du détective à agir… Il
devait jongler entre l’Organisation et son fils. Une menace pesait-elle
réellement sur Aaron Law ?
-
Il n’y a pas matière à s’inquiéter,
rétorqua Ethan devinant ses pensées, mon fils est quelqu’un de spécial…Il
survivra. Mon sang coule dans ses veines, celui des Law. Et puis d’après ce que
j’en sais, il a hérité de l’obsession pour les enquêtes policière de son père,
finit-il en esquissant un large sourire.
Mais ce sourire sonnait
faux pour Hiro qui y voyait plus une volonté pour le détective de se rassurer lui-même. Puis soudain, alors qu’il n’y s’y
attendait pas du tout, le japonais surpris un filet de larmes perler sous les
yeux verts émeraude de son vieil ami. Une tristesse profonde lui étreignit
alors violemment l’estomac.
-
Tout finira par s’arranger. Ta mère et
moi sommes à tes côtés, Aaron. Si ta mère a offert sa vie pour la justice, je
ne laisserais aucune main éteindre impunément la flamme qui sommeille en toi.
Je te le promets…
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