dimanche 8 avril 2012

Chapitre 5

                                       Chapitre V: L'ombre du passé


                    Lorsqu’Aria fut enfin tirée de son sommeil, l’esprit encore tout engourdi, elle peinait à recouvrer ses repères. Elle était incapable de s’expliquer comment elle avait pu arriver sur ce lit. Sa tête lui faisait un peu mal, une vilaine migraine lui cognait les tempes. C’est alors que soudainement, un flash de réminiscences lui bombardait le cerveau et venait compléter sa mémoire.

L’adolescente se souvint qu’à l’instant même où Aaron  avait fait irruption dans la salle de classe dans la matinée, elle fut prise d’un étrange malaise.

Elle se souvint avoir été assaillie d’images effrayantes, les images d’un homme suspendu sur un mur, sans vie. Aria revoyait encore son visage et son corps meurtris. Son père.

Puis petit à petit, elle se rappela avoir retrouvé Aaron, agenouillé près d’un garçon qui devait avoir le même âge, inconscient et suintant d’une blessure à la poitrine, au cœur peut-être.

Tout ce sang et tous ces évènements horrifiants, elles les avaient pressentis du plus profond d’elle-même mais personne n’avait voulu lui prêter attention. En même temps qui l’aurait cru ? Ca semblait si surréaliste, elle ne pouvait pas en vouloir à Aaron, elle ne devait s’en prendre qu’à elle-même. Elle était en mesure d’agir et d’éviter ce drame horrible…Aria s’en voulait terriblement.

Elle se rappelait encore les paroles rassurantes d’Aaron qui lui disaient de ne pas s’inquiéter, que tout allait s’arranger et qu’il allait démasquer le coupable de toutes ces atrocités. Il avait l’air si sûr de lui, si sérieux et si fort tout à coup !  Ses paroles donnaient l’effet d’un baume cicatrisant, Aria sentait certaines blessures de son cœur se résorber. Ce garçon avait quelque chose de spécial…cette détermination à braver le danger et de se vouloir si protecteur.

Son dernier souvenir fut le visage triste d’Aaron qui s’estompait au fur et à mesure que les bras robustes de Flynn Alegre la transportaient loin du périmètre malsain dans lequel Aaron s’enfermait avec ce corps sans vie pour seule compagnie.

En regardant sa montre, l’adolescente fut surprise. Il était déjà 21h passées… Elle avait dormi tout ce temps ?  Elle avait faim  mais sa migraine baissait d’intensité. L’étudiante décida donc de répondre à l’appel de son estomac criant famine et descendit dans la cuisine en quête d’un bon repas capable de la requinquer. En arrivant près de la cuisine, une agréable  odeur de nourriture parvint à ses narines, saveur  à laquelle son estomac répondit avec envie.

Aaron se tenait devant le fourneau, vêtu d’un tablier taché et attaqué par la graisse et jonglant entre ustensiles, plats et assaisonnements.

-         Aria ! s’écria-t-il quand il sentit sa présence derrière son dos. Tu es réveillé ? Tu as pu récupérer ?



Elle hésita à lui répondre, mais finalement elle ne voyait ce qu’elle pouvait faire d’autre.



-         Ça peut aller, mais qu’est-ce que tu fais là à une heure si tardive?

-         Je suis rentré il y a peu de temps et j’ai pensé que tu devais avoir surement  faim puisque tu n’as rien avalé hier soir, donc comme tu peux le constater, là, je cuisine.

-         Je n’ai pas faim, désolé, fit-elle avant que son estomac ne prenne la relève et exprime son désaccord.



Aaron s’attendait à ce manque de volonté, mais il ne devait surtout pas la brusquer…s’il voulait en apprendre davantage sur elle.



-         Ça c’est toi qui le dit, mais j’en connais un qui n’approuve pas forcément, s’enquit  Aaron avec un immense sourire qui se mua en fou rire quand le ventre d’Aria grogna une nouvelle fois.

-         Bon, c’est vrai que j’ai un petit creux, admit l’adolescente  en rougissant, mais je ne suis pas sûr de pouvoir avaler quoi que ce soit après ce qui s’est passé aujourd’hui.

-         Je comprends, dit Aaron en reprenant son sérieux, mais il faut te forcer.



Quand ils se mirent à table, Aria mangea comme quatre malgré l’abstinence qu’elle revendiquait un peu plus tôt.

-         Tu devrais faire attention, avertit Aaron moqueur, tu vas finir par grossir.

-         J’obéis aux lois de la nature, rétorqua-t-elle peinant à masquer son gêne.

En tout cas c’est plutôt réussi, le félicita-t-elle lui pointant sa fourchette bourrée de spaghettis bolognaise.



Elle se refrogna subitement.

-         Aaron…ça te gêne si je me rétracte ? Je veux dire, est-ce que finalement je pourrais m’installer ici, le temps…le temps que tout soit rentré dans l’ordre ? lui demanda Aria, baissant la tête  et se perdant dans son assiette.



Aaron ne paraissait pas vraiment étonné de sa question, au contraire, il s’y attendait.



-         Je me doutais que tu allais me le demander, alors  j’ai pris l’initiative de monter ta valise, répondit Aaron

-         Tu… tu l’as monté ? répéta-t-elle

-         Oui. Vu la taille des escaliers et le poids de ta valise, même à deux on y serait pas arrivé à la monter à l’étage. J’ai donc usé d’une astuce qui datait déjà de l’époque des égyptiens pour la construction des pyramides, répondit Aaron avec un sourire énigmatique et un drôle de lumière dans ses yeux.

-         Une astuce ? Les pyramides ? s’enquit l’adolescente visiblement perturbée.

-         Avec un système de poulies que j’ai dû confectionner en m’aidant  des rampes de l’escalier.



Aria le regardait fixement, fouillant dans son regard  un peu de sérieux ou au contraire de la moquerie. Il était tout ce qu’il y a de plus sincère.





-         C’est pourtant simple, rétorqua Aaron avec une évidence à peine voilée. Etant donné qu’il n’y avait pas de poulies dans l’appartement, ce qui entre nous est tout à fait normal,  j’ai utilisé la poignée de la porte de ta chambre. Par chance, j’ai trouvé une corde solide  plutôt longue dans le grenier.

J’ai commencé par l’enrouler  autour de la prise de ta valise d’un côté et l’autre  autour de la poignée de ta porte. Par la suite, j’ai déposé la valise équitablement sur les rampes de chaque côté des escaliers, heureusement que la longueur de la valise était plus grande que celle séparant les rampes. Enfin, il suffisait de la hissait vers le haut en  « jouant » avec la porte.

Aaron s’arrêta, il était fin prêt à affronter un nouveau regard d’Aria. Mais alors que le jeune détective s’attendait à un visage semblable à celui qu’elle lui avait offert à son arrivé au lycée, elle le fixait les yeux brillants d’admiration. Elle était visiblement impressionnée ce qui ne manqua pas de déstabiliser Aaron.



-         Mais qui es-tu exactement ? se proposa-t-elle de lui demander.

Aaron hésita un instant, mais décida de lui répondre malgré tout.

-         Je suis Aaron Law, détective.

-         Hein ? Je rêve ?! s’écria Aria.

-         Quoi qu’est-ce que j’ai dit ?! s’affola Aaron, manquant de s’étouffer entre deux bouchées de spaghettis.



Les exclamations des deux adolescents se manifestaient en une douche de sauce bolognaise que chacun, malgré eux, postillonnaient sur l’autre.

Ils se regardèrent un instant, puis éclatèrent de rire sans trouver la force de s’arrêter.

Sans qu’Aria s’en aperçoive, Aaron parvint à se ressaisir et ne put s’empêcher de contempler le nouveau paysage qui s’offrait à lui. Malgré l’enrobage de sauce qui lui barbouillait le visage, la nouvelle Aria qui lui faisait face était tout ce qu’il y a de plus éblouissante. Elle était tellement plus magnifique, souriante comme ça. Pourtant, alors que son visage était masqué, il pouvait lire beaucoup plus facilement en elle, de la même façon qu’il dévorait les aventures de son idole Sherlock Holmes, elle semblait si rayonnante. Le changement le stupéfiait et Aria s’en aperçu enfin. Elle le toisa du regard, puis se reprit. Mais avant qu’elle n’ait pu ouvrir la bouche, Aaron la devança dans son élan.



-         Aria, j’aimerais savoir. Comment tu as su qu’il allait se passer quelque chose ce matin ? Je ne comprends toujours pas, avoua Aaron.

-         Je… je ne sais pas, bégaya-t-elle, j’ai eu plusieurs images en tête…

-         Quel genre d’images ? demanda-t-il  soudain intéressé. 



Aria s’arrêta brusquement. Pouvait-elle  le lui raconter ? Pouvait-elle vraiment s’ouvrir comme ça alors qu’ils commençaient à peine à s’entendre ?

-         Aria, l’interpella Aaron comme si ses pensées étaient transparentes. En fait je peux très bien comprendre que tu ne veuille rien me dire, que ça peut être douloureux pour toi, qu’on se connait à peine et que ce soit personnel…mais si je peux t’aider, je suis même prêt à te le demander à genoux…

C’est ce qu’il fit.

-         …racontes-moi ce qui te fait tant souffrir en silence.

-         Ça remonte à 8 ans, lança l’adolescente cachant ses émotions au plus profond d’elle- même. Je venais tout juste d’avoir mes 9 ans. Je m’en souviens comme si c’était hier, mon père m’avait offert un magnifique ruban rouge vif que je m’étais empressé de porter avec sa robe de soie assortie de fleurs roses. Je me souviens que mon père était ému jusqu’aux larmes de voir « sa petite chérie vêtue comme une grande fille, ta mère en miniature» disait-il. Mon père a toujours été attentionné et très affectueux mais je ne saurais dire de ma mère. Je savais que j’avais l’âge de 5 ans lorsqu’ elle nous avait quittés. Mon père m’expliquait jusqu’alors qu’elle fut victime d’un terrible accident de voiture et qu’elle n’avait malheureusement pas survécu au choc. Je ne sais pas pourquoi, mais il avait préféré attendre mes 9 ans pour enfin me dire la vérité. L’horrible vérité.

-         Quelle vérité ? demanda Aaron, littéralement absorbé par le récit d’Aria.

-         Les vraies circonstances de la mort de ma mère, il y a maintenant 12 ans de cela. « Aria, ma chèrie, je pense que tu es en âge de savoir maintenant » m’avait-il dit le soir juste avant de me coucher. A la place de ces histoires de contes de fées qu’il aimait me contaient habituellement, j’avais droit à une histoire horrible qui me promettait cauchemars et nuits blanches.



*



-         Quelle histoire vas-tu me raconter ce soir, Papa ? demanda Aria en laissant échapper un bâillement.

-         Pas ce soir, ma chérie, pas ce soir, fit Peter Key en chassant les mèches de cheveux qui cascadaient le visage de sa fille.

-         Oh, pourquoi ça ? râla la jeune fille.

-         Parce que ce soir, tu as grandis, s’excusa-t-il les yeux perdus dans la faible lueur de la lampe qui dansait sur le chevet.

Peter Key s’aventura un moment dans le regard de sa fille et une étrange sensation le parcourut de tout son corps, une impression de déjà-vu.

Ces yeux d’un bleu océanique lui rappelaient immanquablement l’image de Jennifer. Elle est était toujours là, à ses côtés, à travers le symbole de leur union…à travers leur fille Aria.

-         Pourquoi tu pleures, Papa ? lui demanda Aria, visiblement inquiète.

Peter chassa les larmes qui ruisselaient sur son visage d’un geste de la main.

-         Aria, c’est à propos de maman, murmura le père.

La fillette regarda son père sans comprendre mais le sujet attirait déjà toute son attention.

-         Maman ?

-         Oui. Chérie, il faut que tu saches que ta mère n’a pas été victime d’un accident de la route…

Aria sentait son cœur cogner contre sa poitrine, elle redoutait horriblement ce que son père allait lui dire. Elle serra sa peluche d’ourson blanc contre elle et elle s’y accrocha de toutes ses forces comme si on allait l’arracher à la réalité. Peter savait que sa fille allait perdre quelque chose de terriblement précieux que pourtant chaque enfant de son âge partageait dès la naissance. Son innocence, l’innocence d’un enfant, allait se briser bien trop tôt. La réalité avait envahi bien trop tôt la bulle qui protégeait Aria, cette réalité même qui allait lui coller à la peau le reste de son existence, celle qui régit les adultes, qui les blessent et les confrontent à toutes les contraintes que le monde peut engendrer. Les mots de son père avaient effacé l’ignorance et l’insouciance qui veillait sur Aria et qui lui faisait tout son bonheur. Elle n’était pas prête. Si petite encore…

-         Grandir… murmura la jeune fille, paralysée. Maman…maman n’est pas morte ?

La façon dont la question fut posée fit tressaillir son père, mais rien ne le laisser paraitre.

-         Si chérie, maman nous a quitté, mais pas dans les circonstances que l’on t’a décrites jusqu’à maintenant. En réalité, ta mère est décédée dans un incendie qui a ravagé l’hôtel dans lequel elle séjournait avec sa collègue de travail. Nous étions à la fin de nos vacances à New York lorsque c’est arrivé.

Bizarrement, Peter fut étonné de constater que sa fille ne paraissait pas plus davantage perturbée que ça. «Soit elle ne saisit pas le sens de mes mots, soit elle doit être terriblement fatiguée » murmura-t-il.

Mais le père ne se découragea pas pour autant et poursuivit la mission que sa femme lui avait confié jusqu’au bout. Il sortit alors un petit paquet de sa poche vulgairement entretenu par un morceau de ruban adhésif qui en traçait le tour. Il libéra le continu en retirant le ruban d’un geste circulaire. Il fit balancer un fin collier au bout duquel était suspendu un petit objet de la forme d’une goutte d’eau parsemée ici et là de mystérieuses gravures dorées sur un magnifique fond bleu saphir.

-         Qu’est-ce que c’est ? interrogea Aria captivée par l’objet qui bénéficiait toute son attention.

-         C’est un pendentif que ta mère portait toujours sur elle et peu de temps avant de nous quitter, elle m’a fait promettre de te le restituer.

-         A moi ?

-         Oui, à toi seule.

Aria arracha littéralement le pendentif des mains musclées de son père et le fit passer délicatement autour du cou.

-         C’est magnifique…, s’émerveilla la jeune fille, les yeux pétillants de bonheur.

-         Magnifique, en effet, confirma son père un sourire au coin des lèvres.

-         Papa, où tu vas ? s’inquiéta Aria voyant son père sur le pas de la porte.

-         J’ai encore quelques broutilles à faire, ça ne sera pas long. J’ai demandé à ta grand-mère de veiller sur toi en mon absence, elle s’est assoupie dans le salon.

Lorsqu’il éteignit les lumières, le visage de Peter s’assombrit brusquement, comme si la nuit qui régnait dehors l’engloutissait peu à peu.

 Et, comme si le père ressentait le besoin d’apporter un peu de clarté pour rassurer sa fille, il s’arrêta brusquement.

-         Aria.

-         Papa ? répondit la jeune fille cherchant désespérément la silhouette  de son père.

-         Ta mère tenait que je te dise ces mots, au moment même où le pendentif entrerait en ta possession : Elle disait que« lorsque les ressemblances s’uniront, l’arc-en-ciel se dévoilera enfin. ». N’oublie pas cela, Aria.

-         Papa, je ne comprends rien à ce que tu me dis…

Peter ignora la réponse de sa fille. Si petite, rien de plus normal. Et puis comment pourrait-elle comprendre quoi que ce soit si lui-même ne pouvait saisir le sens de ces mots ?



-         Aria, c’est ton père qui te le dit maintenant. Ne rejette pas le regard de l’autre et garde bien à l’esprit que les choses commencent et se terminent souvent à deux. On peut vivre de longues vies en s’échangeant un simple regard, fit Peter le visage noyés de larmes et de tristesse.



                                            *



-         Que dites-vous ?! explosa le Président des Etats-Unis d’Amérique. Des membres de l’Organisation à Paris !

Ethan était allongé sur son fauteuil, l’appareil à la main et les yeux clos comme plongé dans une intense méditation.

Les volets à demi-fermés laissaient filtrer un maigre filet de lumière qui dévoilait les dizaines de cigarettes qui se consumaient dans un cendrier en verre noirci par les cendres ardentes. Cette chambre d’hôtel n’était pas des plus confortables mais au moins elle eut le mérite de ne pas attirer l’attention.

-         Plus précisément deux membres dont l’un deux n’étant autre que le fameux « Shark », soupçonné de pas moins de 57 meurtres à travers l’Europe et 28 meurtres au sein des Etats-Unis. Interpol le recherche activement depuis bien maintenant une dizaine d’années.



-         Mais comment pouvez-vous être sûr que ces hommes se trouvent bien dans la capitale française à l’heure où je vous parle. Et qu’est-ce qui vous fait dire qu’il s’agit bien de ce « Shark », Mr Ford ?



-         Eh bien, j’ai reçu il y a peu de temps une lettre de leur part qui m’indique clairement où se trouvera leur prochaine victime. Sachant que cela fait bien 12 ans que nous enquêtons sur l’Organisation, j’ai clairement pu identifier l’homme qu’ils avaient l’habitude d’envoyer dans l’Hexagone. J’ai découvert en fait que l’Organisation répartissait ses hommes selon les pays si bien que Shark concentre généralement son champ d’action en France. Par contre, je ne connais ni le nom ni le visage de ceux qui l’accompagnent.



-         A quand remonte leur dernière activité en date ? questionna le Président.



-         En 2004.



-         Si récent que cela ? s’étonna l’américain.



-         A ma connaissance, je soupçonne que l’Organisation était derrière l’assassinat de Richard Lancelyn Green, le plus éminent spécialiste de Sherlock Holmes au monde.



-         Un spécialiste de Sherlock Holmes ? Vous voulez parler du personnage de roman ? Qui était ce Green pour que l’Organisation s’y intéresse ?



-         Eh bien, la même année de sa mort,  Green avait annoncé qu’il avait retrouvé les documents de Conan Doyle, l’auteur mondialement reconnu du célèbre personnage de Sherlock Holmes, dont le fameux journal intime de l’écrivain.



-         J’avoue que je ne vous suis plus.



-         Arthur Conan Doyle était avant tout un grand criminologue et un excellent enquêteur et sa notoriété en tant que créateur du plus grand détective au monde lui avait permis de se pencher, aux côtés de la police, sur plusieurs affaires criminelles réelles. Je soupçonne que Conan Doyle était confronté, dans je ne sais quelle affaire, à des membres de l’Organisation eux-mêmes et qu’il disposait de plusieurs éléments important sur elle qu’il dut surement reporter sur son journal intime qu’il gardait précieusement de son vivant. Comme je vous l’ai dit, Green, là encore je ne saurais vous dire comment, a mis le grappin sur ce journal. Par un malheureux hasard, le 27 mars 2004, il est retrouvé mort dans son appartement de South Kensington, étranglé d'un lacet serré par une cuillère en bois sur son lit entouré d'animaux en peluche et d'une bouteille de gin. Il avait été étranglé-garrotté-avec un de ses propres lacets. Mais peu importe. Je crains que l’Organisation n’y soit pour quelque chose d’autant plus que l’on a plus retrouvé une seule trace du fameux journal Doyle. Elle s’est débarrassée des preuves et je suis au regret de vous dire que l’on a manqué notre chance d’en savoir un peu plus. Enfin bref, le fait est, monsieur le Président, que des membres de l’Organisation sont actuellement à Paris.







Bien que la voix du Président se trouvait à des kilomètres de distance, Ethan pouvait très bien percevoir l’angoisse de l’homme le plus puissant du monde rien qu’à travers le téléphone.



-         Dois-je comprendre que notre pays peut compter sur vous, une fois encore ?

-         Cette fois, je crains que ce ne soit l’inverse, s’enquit le détective.

*



-         Aria ! explosa Aaron tout excité.

Aria, surprise par la réaction spontanée d’Aaron, lui lança une horrible grimace, n’appréciant guère d’être si violemment tirée de son récit.

-         Pourquoi tu cries comme ça, c’est important ce…

-         Le pendentif, la coupa l’adolescent, tu le portes en ce moment ?

-         Oui, bien sûr…

Elle dévoila le collier qui s’était logée sous son pull de laine tandis qu’elle aperçut Aaron retirer un pendentif  qui ressemblait de plus en plus au sien au fur et à mesure que la distance entre les deux diminuait. Finalement, lorsque les deux pendentifs étaient suffisamment près l’un de l’autre, on pouvait s’apercevoir qu’ils étaient parfaitement identiques.

-         Mais qu’est-ce que ça veut dire ? interrogea Aria stupéfaite.

-         Je n’en sais rien. Mais c’est une étrange coïncidence que nous avons là. C’est d’autant plus étrange lorsqu’on pense que c’est de nos parents respectifs qu’on a pu hériter de ces mêmes colliers.

Une question germa peu à peu dans l’esprit d’Aaron. Une question dont il s’étonnait lui-même.

-         Et si nos parents se connaissaient avant même que je ne te rencontre ?

-         Si nos parents… ?

Aria fut surprise d’une telle réflexion, à la fois inattendue, visiblement tirée par les cheveux mais aussi  incroyablement pertinente. Une telle chose pouvait-elle vraiment avoir eu lieu ?

-         Je reconnais que c’est vraiment troublant, mais pour vraiment avoir une réponse à nos questions, il faut qu’on détiennent la clé du mystère de ces pendentifs.

Aaron approuva d’un signe de la tête. Elle avait raison. Un mystère de plus sous le bras, comme s’il n’y en avaient pas assez.

-         Mon père est porté disparu depuis ce soir-là, murmura Aria, le regard profondément triste. Hormis de ma mémoire, je garde toujours une photo de lui dans mon pendentif, peur que le temps qui passe ne me l’arrache à jamais.

Aaron tenta un soutien du regard bien qu’abasourdi par la nouvelle. Il préféra garder le silence un long moment plutôt que de s’engager dans une conversation riche en émotions. Il ne voulait pas rentrer dans les détails. Quand Aria fut enfin extirpée de la torpeur abyssale de ses souvenirs d’enfance, l’adolescent jugea qu’il était le moment approprié pour se replonger dans ses réflexions sur l’affaire, seul.

-         Aria, je te sens fatiguée, tu dois récupérer…

La jeune fille hésita un bref instant mais finit par approuver d’un sourire sans conviction, vaincue à la fois par l’attention qu’il lui portait et par la force de son regard.

-         Bonne nuit, Aaron.

-         Bonne nuit.

 Le jeune détective ferma les yeux un long moment, plongé dans la pénombre la plus totale. Il devait gérer le poids des évènements qui semblaient s’ajouter au fur et à mesure que la situation évoluait. Tous ces mystères, ces drames et ces émotions étaient éprouvant et terriblement usant, surtout pour son cerveau de 17 ans. Mais il devait résister, il devait garder sa place dans cette lutte de la recherche de la vérité. Il l’avait promis et il n’avait qu’une seule parole.

-         Flynn, oui c’est moi, Aaron. Je sais, oui il est tard, mais je vais avoir besoin de ton aide.Rendez-vous devant le lycée, demain 10 heures. On va mener notre enquête à deux, comme au bon vieux temps. Si j’ai une piste ? J’appellerai plutôt ça un filet de vérité, oui, sans aucun doute.




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